Histoire du pèlerinage
(FR)
L’origine du sanctuaire de Foy-Notre-Dame
Au début du XVIIe siècle, le village de Foy-Notre-Dame, situé sur les hauteurs, n’existait pas; on y voyait une ancienne maison forte transformée en métairie, entourée de quelques masures. Ce lieu, appelé Foy, était dans la principauté de Liège. Un événement changea le cours de l’histoire et « Foy » devint célèbre dans notre pays, mais aussi dans le monde entier. Le 6 juillet 1609, Gilles de Wanlin, bûcheron de Sorinnes, était occupé à abattre un gros chêne de six pieds de diamètre qui s’élevait en ce lieu. Un batelier de Dinant, Innocent de Limoir, l’avait acheté au baron de Celles, afin de l’utiliser pour ses bateaux. Quand l’arbre fut à terre, on constata qu’il était vermoulu et inutilisable. On décida alors d’en faire des bûches et, à grands coups de cognée, Gilles de Wanlin se mit à le débiter. A sa stupéfaction, il découvrit au cœur de l’arbre, une petite statue de la Vierge Marie portant l’Enfant Jésus sur son bras droit, trois barreaux de fer rouillés, des petites pierres cristallines et une tresse de cheveux toute fraîche. Malheureusement, la tête de la Vierge et la main gauche de son Fils avaient été tranchées. Des témoins accoururent et la servante de la ferme emporta la statuette, la lava, la recolla et la posa sur une poutre de la cuisine.
L’histoire de la dévotion
On replaça ensuite la statuette dans un chêne voisin. En 1616, eut lieu la première guérison miraculeuse. Petit à petit, les pèlerins affluèrent et de nombreux miracles se produisirent.
En 1618, une chapelle fut construite à Foy par le baron de Celles et une enquête canonique, concernant la découverte de la statue et les prodiges arrivés à Foy, se déroula. C’est le 21 novembre 1618, fête de la Présentation de la Sainte Vierge au Temple, que la chapelle fut bénite par le Père-Abbé de Leffe qui porta lui-même, sur un coussin de drap d’or, la statuette miraculeuse accompagnée d’une somptueuse procession, composée de nombreux prêtres et religieux. L’année suivante, on ajouta une nef à l’oratoire, créant ainsi une petite église, indispensable à cause de l’afflux des pèlerins. En 1619, les miracles furent reconnus et la statuette fut déclarée miraculeuse. Le 27 juillet de cette année, les Archiducs Albert et Isabelle vinrent en pèlerinage à Foy.
Le 8 septembre 1624, fête de la Nativité de Notre-Dame, le suffragant du prince-évêque de Liège consacra l’église actuelle en présence d’au moins 12.000 pèlerins, dont 200 malades. Le 8 septembre devint la fête patronale et Foy une paroisse. De nombreuses statuettes furent sculptées dans les deux chênes qui avaient abrité la statue miraculeuse et offertes en cadeau, principalement par les Jésuites ; elles partirent dans tous les coins du monde, faisant rayonner partout le culte de Notre-Dame de Foy, l’humble statuette devenue une Madone célèbre. En 1625, la ville de Dinant organisa son premier pèlerinage vers Foy ; l’année suivante, ce fut au tour de Rochefort et d’Houyet d’instaurer leurs pèlerinages pédestres. Ils existent toujours tous les trois; tous les sept ans, celui de Rochefort se fait en costume et sous les armes. En 1627, on avait recensé plus de deux cents miracles attribués à la petite Madone. Au XVIIe siècle, les Hurons du Canada offrirent un superbe collier à Notre-Dame de Foy, amené triomphalement au sanctuaire.
Le 6 janvier 1897, une Confrérie de Notre-Dame de Foy fut érigée. Le 8 septembre 1909, on célébra le 3e centenaire de la découverte et la statuette miraculeuse fut couronnée pontificalement par Monseigneur Heylen, évêque de Namur, au nom du Pape Saint Pie X, devant plus de 11.000 personnes. Le diadème d’or, serti de perles et pierres précieuses, est l’œuvre de l’orfèvre Paul Fallon. Le 8 septembre 1934, on fêta le 25e anniversaire du couronnement et le 325e anniversaire de la découverte, en présence du Cardinal van Roey, archevêque de Malines, des évêques de Namur, Liège et Tournai, des abbés de Leffe et Maredsous, de la Princesse Napoléon, née Clémentine de Belgique, fille de Léopold II, du représentant du Roi Léopold III. Une grandiose procession rassembla de nombreux groupes, ainsi que les statues vénérées de Notre-Dame de Foy, venant des sanctuaires de Kortenbos, Poperinge, Courtrai, Dixmude, Gilly, Graty, Jemeppe-sur-Sambre, Lombise, Marcinelle, Loupoigne, Martouzin, Oisy, Pondrôme, pour la Belgique ; Kelhen pour le Grand-Duché de Luxembourg ; Etaples, Bailleul, Coutiches, Gravelines, Merville, Vaudricourt, des Picpus de Paris et d’Amiens, sans oublier la statue de Notre-Dame de la Treille de Lille, pour la France.
La statuette miraculeuse
Réalisée dans un moule à l’époque gothique, la Madone de Foy est inspirée d’une Madone de van Eyck, célèbre peintre flamand. Elle doit avoir été réalisée à Utrecht, vers 1400, car on y découvrit des statues semblables, ainsi que les matrices utilisées. Un marchand hollandais dut transporter la fameuse statuette dans la région de Dinant et un pieux fidèle dut la placer dans un creux du chêne de Foy, protégée par des barreaux. En poussant, l’arbre recouvrit la statuette. Cette dernière est aujourd’hui vénérée dans une des plus belles églises baroques de Belgique, au plafond orné de peintures dues à des élèves de Rubens.
Gérard van Haeperen
Oblat O.S.B.